Nos contributions à l'enquête publique EDF Belleville

28/01/2022 21:28

Nos avis - Enquête publique EDF Belleville débutée le 13 12 2021 et s'achevant le 28 janvier 2022.

 

Cette enquête comporte 6 modifications principales demandées par EDF Belleville et quelques autres aussi en prime ; nous vous faisons part de certaines de nos observations et remarques.

1 - Sur la procédure :

Choix non judicieux de la période, à cheval sur les fêtes de fin d'année et donc peu propice, alors initialement prévue au début d'automne, et trop courte pour cet énorme dossier (1700 pages).

Saluons la disponiblité en ligne des six dossiers relatifs à l'enquête (1764 pages !) une première à Belleville !

Notre désapprobation sur l'avis du préfet pour la portée géographique de cette enquête, restreinte au périmètre de 10 km de la centrale, alors que certaines modifications concernent des rejets liquides ; nous aurions admis un périmètre de 20 km comme celui du PPI nouvellement doublé en 2018.

EDF Belleville a sollicité en mai dernier, l'avis des communes et com-com alentours et leurs avis sont très partagés, à noter

  • Beaulieu : défavorable ;

  • la CC Pays fort Sancerrois Val de Loire, Ste Gemme, Santranges, Thou, Faverelles : pas d'avis car incompétent ;

  • Belleville, Boulleret, Bonny, Châtillon, st Verain, Neuvy, Lavau, CC Puisaye Forterre, CC Loire Puisaye, Saint Loup : favorables.

  • Myennes : « exige le recours à un organisme agréé indépendant » (souligné par nous).

  • Soit 7 communes - ou CC - sans avis (incompétentes ou recours à contre-expertise), contre 10 communes - ou CC – favorables.

Noter l'absence de Cosne sur Loire, la CC Cœur de Loire, St Amand en puisaye ?

 

2 - Sur les demandes de modifications :

Avis défavorable pour autoriser le relèvement des normes pour les rejets de Tritium : EDF trouve cohérent de demander que ceux-ci passent de 60 000bq/an à 80 000 pour le motif que des dépassements ponctuels ingérables sont pointés du doigt depuis qq temps, et l'argument d'EDF que cela se fait déjà dans d'autres centrales n'est pas suffisant pour nous.

Comme le dit l'Autorité Environnementale dans son avis délibéré : « l'époque est à limiter son impact néfaste dans l'environnement ! »

Avis défavorable pour dispenser EDF d'appliquer une limite de température de ses rejets liquides en Loire, en période estivale. On peut s'étonner que les centrales sur la Loire ne soient pas limitées dans leur fonctionnement par une température-seuil comme il existe pour la Garonne (28°). Nous ne devons pas accepter cette demande de dispense, car le dérèglement climatique annoncé va multiplier les dépassements de température des rejets.

Sans compter les difficultés accrues de refroidissement des matériels (cela fait plusieurs années que EDF a des fuites et dépasse les 100 kg de fluides frigorigènes, limite annuelle autorisée).

https://www.sdn-berry-giennois-puisaye.fr/news/large-depassement-de-fuites-de-liquides-frigorigenes-a-effet-de-serre-puissant/

  1. Avis défavorable pour supprimer les balises de surveillance radiologique des 10 km ; EDF prétexte que ces balises ne répondent pas une obligation réglementaire et ne sont pas indispensables.
  2. Avis défavorable pour limiter la recherche de Tritium dans le lait des élevages alentours : EDF prétexte que cela est devenu difficile de trouver des élevages nourris avec leur propre foin : nous insistons pour que cela continue car le lait est en bout de chaine alimentaire (et nous juste après).
  3. Avis défavorable pour supprimer la veille radiologique sur certains piezomètres proches du CNPE : justement pour nous, cela est important, donc EDF doit garder cette veille des eaux souterraines.
  4. Avis défavorable pour supprimer ou augmenter certaines limites des Flux/24h, EDF veut presque tripler les flux 24h pour le cuivre et zinc jusquà la fin des retubages, à l'horizon 2030, tout en arguant de baisser le flux annuel de moitié. Le flux/24h est un garde-fou contre les épisodes aigus de relargage des rejets qui peuvent impacter trop fort tout ce qui vit dans la Loire !
  5. Avis défavorable pour le choix de la MONOCHLORAMINE (MCA) sensée résoudre les menaces de prolifération de bacteries Légionnelles et d'amibes (RISQUE SANITAIRE), plutôt que celui d'un traitement beaucoup moins chimique comme l'action germicide des rayons ultraviolets (UV), technique satisfaisante utilisée à CIVAUX.
  6. Cette installation MCA va engendrer des rejets supplémentaires :
  • une augmentation de plus du double des rejets de sodium ( flux annuel 431 tonnes)

  • des chlorures en énorme quantité (526 tonnes flux annuel)

  • de nouveaux rejets, inexistants jusqu'alors : des polyacrylates : 109 tonnes flux annuel,

  • des rejets d'azote total très importants (ammonium, nitrates, nitrites) de 108 tonnes/an

  • des rejets de nitrates : de 431 tonnes/an

  • Des rejets de phosphates doublés : 3730 kg/an au lieu de 1600 kg/an limite actuelle, et 179 kg rejetés en 2020)

Soit un ajout de 1660 TONNES /an de rejets en Loire ! (contre 19 tonnes de cuivre et zinc rejetés en 2020)

 

Grosse perplexité sur la programmation des travaux :

  • Les travaux de retubage des condenseurs sont différés au moment de la prochaine visite décennale soit en 2030, dans 10 ans ! Les travaux pour le CTE (batiment servant à fabriquer la monochloramine avec de l'eau déminéralisée) et celui de l'ATO (produit de désentartrage), ont déjà débuté en 2020 (d'après le rapport environnement 2020), pour leur mise en service annoncée en 2023.
    Est-ce bien réglementaire de déjà commencer les travaux avant le résultat de l'enquête ?

Il faut comprendre que la mise en service de la MCA et de l'ATO et du conditionnementà fort PH (pour limiter la corrosion et les colmatages dans les Générateurs de Vapeur et les condenseurs) ne pourra se faire qu'après le retubage des condenseurs en inox et titane, pourquoi attendre 2030 ?

Qu'attend EDF pour retuber ces condenseurs ? Est ce bien raisonnable de ne programmer cela qu'à l'arrêt de tranche d'une prochaine visite décennale ? Ou est-ce une question d'argent ? À combien s'élèvent financièrement ces changements annoncés ? Cela serait-il une solution pour faire passer ces coûts dans le grand carénage des 40 ans ? EDF gagnerait ainsi du temps et envisagerait déjà la prolongation de la vie de la centrale au-delà des 40 ans, d'où notre avis défavorable pour encore 10 ans de rejets de cuivre et zinc !

La fabrication de monochloramine entraîne la circulation de nombreux camions de transport de matières dangereuses (150/an), et un stockage important sur site d'ammoniaque et eau de Javel.