St Laurent, dans Le Monde du 25 avril 2019

30/04/2019 13:40

A Saint-Laurent, la centrale nucléaire, « j’en verrai jamais le bout »

Alors que le débat grandit sur le destin des déchets radioactifs, le bourg du Loir-et-Cher s’inquiète de la présence de l’atome, même s’il lui doit sa prospérité.

Par Jordan Pouille Publié aujourd’hui à 11h17, mis à jour à 11h22

 

Gilles Perrin, 64 ans, promène sa bineuse mécanique sous les volutes de vapeur des tours de refroidissement. Ses champs s’étalent autour de la centrale nucléaire EDF, à peine séparés d’elle par la petite base nautique de son comité d’entreprise. Cet hiver, l’électricien a demandé à M. Perrin de lui céder 56 hectares, ainsi qu’à cinq autres agriculteurs, « pour augmenter sa réserve foncière de 115 hectares », mais tout en restant flou sur ses intentions. « Est-ce pour y construire un parc solaire, assurer le démantèlement de quatre réacteurs, installer de futurs EPR, enfouir des déchets ou juste pour maintenir les antinucléaires à distance ? On ne nous dit rien », selon M. Perrin.

Alors il a répondu non, et s’en explique : « Mon fils Florian a 23 ans, il travaille à la ferme depuis deux ans, aime son métier et compte bien l’exercer toute sa vie. En 1963, quand EDF est arrivé, son grand-père n’avait pas eu le choix. Il a fallu vendre beaucoup de terres au nom de l’intérêt public et accueillir sur les autres d’immenses pylônes de lignes à haute tension, sans toucher de rente bien sûr. Maintenant, ça suffit, on entre en résistance. »

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